Me voici de retour après un séjour parisien très riche. Dans cette ère de désinformation patante, je voudrais témoigner de mon expérience du lundi 7 avril 2008, jour du parcours de la flamme olympique à Paris et du rassemblement pour les droits de l'homme au Tibet sur la place du Trocadéro. Avec quelques amis, nous sommes venus soutenir le peuple tibétain, et au-delà, tous les peuples opprimés par les dictatures à travers la planète. Bien évidemment, le plus pacifiquement du monde. Depuis ma plus tendre enfance, je me demande pourquoi le monde est si violent, et pourquoi les nations se déclarent la guerre, la plupart du temps, au nom de leurs religions. Je n'admets pas la violence, d'aucune sorte. Je pense que des êtres et des nations adultes devraient cesser de s'entretuer pour de l'argent, un bout de terre, du pétrole ou des matières premières, ou pour le simple plaisir boulimique de dominer l'autre. Je pense que tout a un sens. Et que nous devons nous attacher à comprendre le sens de toute chose, plutôt qu'à combattre lorsque nous ne comprenons pas.

Nous sommes restés de midi à 15 heures sur la place du Trocadéro, à écouter les interventions de Corinne Lepage, Jane Birkin, Irène Frain, des représentants de la communauté tibétaine, de la Ligue des Droits de l'Homme, du Darfour, des dissidents chinois. L'un de ces derniers est venu témoigner de la manière dont il avait été traité après le mouvement de contestation étudiante de Tian an Men en 1989 : avec des amis, il avait "osé" lancer des oeufs sur le portrait de Mao. Résultat, ils furent respectivement condamnés à 16, 19 et 20 ans de prison. L'histoire ne dit pas combien un oeuf valait d'années de prison...

L'ambiance était pacifique. Les "manifestants" faisaient clairement la distinction entre le peuple et le gouvernement chinois. Pour preuve, notre ami lanceur d'oeufs fut chaleureusement applaudi par son auditoire. Il ne s'agissait donc en aucune manière de fustiger les chinois, mais seulement l'art de la dictature au pays de Mao.

Dans ces photos, j'ai volontairement évité de photographier les gens de face. Je sais que nous sommes dans un pays où la liberté d'expression règne... encore, mais tout de même.

Et voilà le verso...

Gandhi, sans H, même si cet Homme mérite un H majuscule...

On aperçoit Irène Frain, à la droite de l'image. Les anneaux olympiens stimulent l'imagination des opposants à toutes les formes d'atteinte aux droits de l'homme.
Nous avons décidé de nous rendre vers 15h place de la Concorde, sur le parcours de la flamme olympique, sans savoir cependant où elle était précisément à cette heure. J'avais acheté un grand drapeau tibétain, deux d'entre nous avaient de petits autocollants arborant le drapeau tibétain sur nos manteaux, et une troisième avait récupéré un petit drapeau fanion. Nous nous sommes heurtés à un premier barrage de police. "On ne passe pas". Cette rue-là était interdite aux "manifestants". Même barrage à l'entrée de la rue suivante. Filtrant celui-là. Nous entendons dire que l'on ne passait pas si l'on avait un drapeau tibétain. Nous rangeons donc nos drapeaux dans nos sacs. Je décolle l'autocollant de mon manteau, le recolle sur mon pull, referme mon manteau. Mes quatre amis franchissent le "barrage". Pas moi. "Avez-vous des drapeaux", me demande-t-on ? Je réponds non. Ce que je déplore par la suite. Pourquoi n'avoir tout simplement pas eu le courage de dire oui ? Le gendarme me demande alors d'ouvrir mon manteau. Je m'exécute. Si j'avais collé mon drapeau sur mon soutien-gorge, m'aurait-il demandé de me dévêtir ? "Vous avez menti". "Et la démocratie ?", lui réponds-je. "En quoi le fait de porter un drapeau tibétain m'interdit-il d'emprunter cette rue ? Le gendarme n'en démord pas : "la démocratie ? Mais vous avez été autorisés à manifester. Maintenant, le fait de porter ce drapeau ne vous donne pas le droit d'emprunter cette rue".

Je suis un peu hébétée. Je ne suis pas une manifestante rodée. C'est la première fois que je participe à un rassemblement. Parce que la désinformation et les mensonges m'accablent. Parce que je ne supporte plus ce monde dans lequel une poignée d'individus agissent pour leur seul profit, au détriment de la planète toute entière et de ses habitants. Parce que j'ai voulu, par ma présence, apporter, à ma petite échelle, mon soutien à un prix Nobel de la Paix qui lutte depuis cinquante ans pour que ses concitoyens aient le droit d'exister selon leurs us et coutumes. Parce que je considère que le peuple tibétain s'est sacrifié pour l'humanité toute entière : l'invasion chinoise a permis à la pensée bouddhiste tibétaine d'essaimer dans le monde, et d'éveiller nos esprits au sens de l'existence, à la quête de sagesse et de compassion. Parce que je crois que nous devons en retour, même par nos simples pensées, soutenir l'énergie du peuple tibétain, du territoire tibétain et de son chef spirituel. Et pour cela, avec mon petit autollant sur le coeur, et mon grand drapeau tibétain dans mon sac à dos, je ne peux pas circuler librement dans la capitale du pays des droits de l'homme.

Je téléphone donc à mes amis, de l'autre côté du barrage. "Ils ont arrêté P.", me dit F. Car P. avait caché son petit fanion pour franchir le barrage, et l'avait obstinément ressorti un peu plus loin. Un gendarme s'est alors avancé vers elle. L'un de nos amis, non-voyant, a alors lâché le bras de son père pour prendre le bras de cette amie : "Maintenant, c'est toi qui me sers de guide". Je lui laisse la parole puisque j'étais à une vingtaine de mètres en arrière : "
Le lendemain matin, dans le journal du matin d'Europe 1, vers 8h, j'entendis que la ministre de l'intérieur Michèle Alliot Marie démentait que des ordres de confiscation et de destruction des drapeaux tibétains avaient été donnés à la police et la gendarmerie...
La majorité des "manifestants" étant certainement non-violente, n'aurait-il pas mieux valu laisser chacun libre d'agiter le drapeau de son choix pacifiquement sur le parcours de la flamme olympique, en respectant le passage des athlètes, mais en montrant leur désapprobation du régime chinois ?
volsul 16/04/2008 08:30
Helene H 15/04/2008 23:30
isabelle56 15/04/2008 12:30
volsul 15/04/2008 09:00
volsul 15/04/2008 07:44