Chapitre 1 : "Le petit prince d'Angkor, page 4"
Photo : Le temple de Banteay Srei, l'un des fleurons de l'architecture angkorienne, baptisé "La citadelle des femmes". Sculpté dans du grès rose, il change de teinte avec les mouvements du soleil. Avec ses sculptures finement sciselées, ce temple çivaïte doit son nom à ses petites dimensions et aux personnages féminins qui ornent ses murs.
Certes, d'autres civilisations aussi avancées et structurées furent, elles aussi, balayées brutalement de la surface du globe sans que l'on n'ait jamais parfaitement cerné les raisons de leurs disparitions. Il en allait de même des cités mayas sises sur les territoires guatémaltèque et mexicain, des merveilleuses capitales de l'Egypte de la Haute-Antiquité, et, plus avant, de l'Atlantide ou de la Lémurie. Comment, après ces siècles de survol spirituel, artistique et culturel de la région n'avais-tu pas, toi, mon fils khmer, comme tes compatriotes, la capacité d'assurer une vie décente à ta famille ?
« Puis-je vous demander si vous savez où loger ce soir ? ». Je n'en savais fichtre rien. Je me rendais à Angkor pour la première fois. J'avais décidé de me laisser porter par les rencontres, les opportunités, les expériences. Et les signes aussi. Je me fiais à mon intuition. Je vivais l'instant présent. Je me délectais de chaque sensation, de chaque découverte. Le voyage s'était solidement implanté au coeur de ma vie depuis près de vingt ans. Je me sentais chez moi sur les cinq continents. Avec une prédilection pour l'Asie et pour l'Amérique Latine.
« Dans ce cas, je vous recommande l'une des Guest-houses les moins chères de Siem Reap. De construction récente, elle bénéficie d'un emplacement privilégié en face du Royal Hôtel, au bord de la rivière ». « L'une des adresses les plus économiques de la ville ? Pourquoi imaginait-il que... ? » Il est vrai que je pénétrais au Cambodge par la route, comme ces voyageurs qui n'hésitent pas à passer douze heures dans des bus au confort parfois sommaires, quand ils sont en état de marche ! Et ce, pour mieux se fondre dans la population locale, pour mieux comprendre leurs conditions de vie et de transport. Pour voyager plus longtemps également, tellement les tarifs des transports locaux semblent dérisoires pour nos portefeuilles occidentaux. Douze heures de bus pour cinq dollars.
Oui, je correspondais au profil de ces backpackers, sensibles à l'argument financier. « Je vous propose seulement de venir voir. Si cela ne vous plaît pas, vous pourrez chercher librement une autre guest-house ». Rattha avait déjà compris que je tenais à cette liberté pour laquelle j'avais tant lutté. A cette liberté de choix, d'action, de parole, de pensée, à laquelle ce voyage en solitaire conférait un parfum d'absolu. Je me sentais libre. Intouchable. Guérie. Ou presque.
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