Bonjour à toutes et à tous,
J'ai eu le plaisir de participer ce week-end à un stage de scrapbooking avec Sandra Charbonnel et Prisca Jokowitz. Deux journées intensives dont je vous exposerai les résultats début février. Les modèles de mini-albums réalisés sont des créations de Sandra et de Prisca, qui les proposeront dans leurs prochains stages. Elles nous ont permis de réaliser de très beaux mini-albums.
Tout ceci pour vous expliquer que je n'ai guère eu le temps de poursuivre la rédaction de mon carnet de voyage en Inde, de la plaine du Gange aux monastères bouddhistes du Sikkim. Mais ce sera chose faite très prochainement. En attendant, je vous propose aujourd'hui la suite de mon roman "La Patiente". Je cesserai la publication en ligne de ce roman à la fin du second chapitre. Mon objectif est d'auto-éditer ou de faire éditer ce livre, mais je voulais vous permettre d'en découvrir les premières pages en ligne.

Photo : durant toute la durée du traitement, j'ai eu froid, terriblement froid. La peur de ne pas survivre à la maladie et aux traitements, la souffrance physique et morale, les chutes d'énergie me glaçaient le corps. Je sentais les moindres variations de température. Une porte vers l'extérieur s'ouvrait, et aussitôt je devais rajouter un vêtement. J'avais tellement froid que je me glissais dans mon lit parfois toute habillée, avec mon manteau et encapuchonnée. Et pourtant, la Bretagne n'est pas le pôle nord !
"Tu vas t'en sortir. Ne t'inquiète pas." Comme à son habitude, Raymond affichait sérénité et optimisme. Nous avions, à l'aide de cataplasmes d'argile posés jour et nuit sur mon sein malade, de séances de magnétisme et de rééquilibrages des carences en vitamines, minéraux et autres oligo-éléments, réduit le volume du kyste. L'énergie circulait à nouveau. Mais un noyau dur persistait. "Tu dois prendre l'avis d'un médecin. Une intervention chirurgicale est peut-être nécessaire. Moi je ne peux aller plus loin. Mais c'est mieux, nettement mieux. Je suis rassuré maintenant."
Moi aussi j'allais mieux. J'avais repris confiance. Mon "cancer généralisé" n'était plus qu'une funeste farce dans laquelle mon ego terrifié m'avait insidieusement entraînée. Mes oppressions s'étaient envolées. Ma gorge, dénouée. J'avais pu parler, exprimer mes angoisses, enfin. Sortir du cercle vicieux de ma profonde solitude. J'en étais désormais convaincue. J'allais pouvoir reprendre le cours de ma vie, continuer à rêver, poursuivre mes études. Vivre, tout simplement.
Il ressemblait à Jacques Dutronc. Il en avait le beau regard bleu, un peu ténébreux. Il m'avait plu d?emblée. Séduite peut-être. Je crois que j'étais tombée un peu amoureuse de lui. Avec des yeux semblables, il ne pouvait qu'être un excellent chirurgien. Il s'était montré rassurant, compétent. « Un adénofibrome. Rien d'alarmant. Je préfère quand même vous l'enlever. Une intervention bénigne. Sous simple anesthésie locale. En ambulatoire. Vous entrez à l'hôpital le matin, vous en repartez l'après-midi. Nous ferons une biopsie de la tumeur, pour vérifier. Mais elle ne m'inquiète pas ». Je n'avais jamais subi la moindre opération, ni même effectué un séjour en milieu hospitalier. Je n'aimais pas cette odeur de couloir d'hôpital. Je n'aimais pas cette atmosphère empesée, ces chuchotements, ces visages tristes et peu encourageants des familles des malades. J'avais de la chance. Une demi-journée suffirait. Plus quelques jours d'angoisse supplémentaires avant le diagnostic définitif.
L'anesthésie générale a ceci de rassurant que l?on ne voit rien, que l'on n'entend rien, que l'on n'imagine rien, que l'on ne perçoit rien. Là, je pouvais suivre minute par minute tout ce qui se passait autour de moi. J'étais impressionnée. Le cliquetis des instruments, la sensation du scalpel m'entaillant les chairs, le bistouri découpant la tumeur. Puis cette aiguille recousant les chairs meurtries. J'avais peur, terriblement peur d'avoir mal, de ne pas avoir été suffisamment insensibilisée par la dose d'anesthésiant employée. Je serrais les dents, tentais de me raisonner, de me dire que ce serait bientôt terminé, que je ne risquais rien, qu'avec de si beaux yeux il ne pouvait que réussir cette opération. J'ai failli m'évanouir, tellement j'avais peur. J'avais envie de vomir. Jacques Dutronc m'a donné un sucre. J'étais en hypoglycémie. Tout était terminé. Cela avait duré à peine une heure.